29 mars 2020
Suite à quelques messages d’inquiétudes des copains copines, commençons cet article par le plus important, nous allons bien !
Nous sommes actuellement confinés au Pérou, au cœur de la cordillère blanche, dans la ville de Huaraz !

Avec de magnifiques sommets, ici le Huascaran, plus haut sommet péruvien à 6 768 m.
Ici les mesures contre le corona virus ont été radicales et très rapides!!!
Le 16 mars, cela faisait une semaine que nous roulions avec 2 autres couples à vélo (@biciporsiempre et @4cuissotssur1velo), lorsqu’un matin, en achetant nos vivres pour la journée, nous voyons les télés tourner en boucle avec le « #mequedoencasa » (je reste à la maison).
Depuis quelques jours, l’inquiétude liée au corona virus semblait monter auprès de la population péruvienne. Malgré peu de cas déclaré au Pérou (une centaine à ce moment là, tous à Lima), les relations habituellement simples et chaleureuses devenaient plus distantes. La peur du virus se confondait avec la peur (irrationnelle mais bien présente) du touriste européen, blanc. Lorsqu’on annonçait notre nationalité, il fallait quelques temps d’échange sur notre voyage pour que la confiance revienne. Dès lors qu’on annonçait qu’on était sur le continent américain depuis plus de 5 mois, les relations redevenaient simples et chaleureuses.
Mais ce lundi 16 mars, qui devait être un jour de rentrée scolaire après 2 mois de grandes vacances, nous nous rendons compte que les choses risquent d’être plus compliquées. A ce moment là, nous sommes à Pallasca, hébergés gracieusement dans une maison paroissiale. Après notre chorégraphie du matin (ptit dej, rangement sacoches, préparation des enfants et des vélos,…), nous avons un petit moment d’hésitation : n’est-il pas préférable de rester ici, à cohabiter avec Padre Daniel et tous les volontaires, plutôt que de repartir et risquer d’être bloqués dans des conditions difficiles?

Notre 94ème toits, à la paroisse de Pallaska, accueillis par Padre Daniel
Nous décidons finalement de reprendre la route, tous ensemble, à 9, pour descendre dans le Canyon del Pato et ainsi se rapprocher de routes « plus roulantes » et des liaisons plus facile. Nous passons une journée extraordinaire dans un magnifique canyon (en se disant que si tout devait s’arrêter maintenant, on avait enfin découvert les paysages qu’on s’imaginait du Pérou).
Après 80 km et 3000m de dénivelé négatif, nous arrivons à Chuquicara, petite ville avec un un seul hostal complètement miteux (de la terre pour le sol de la chambre, moustiques, scorpion, cafards, souris, tarentule …). C’est ici que nous découvrons que le président Péruvien venait de déclarer le confinement total sur tout le pays et qu’à partir de minuit nous devions rester dans notre maison !!!
Mais que faire quand on n’a pas de maison !!! Impossible de s’imaginer rester plus longtemps ici, ni dans cet hôtel miteux, ni dans ce village où Pierre-Yves s’était déjà fait agresser par le vendeur de fruits. Selon ce « charmant » vendeur (qui prévoyait augmenter ses prix jours après jours suite à l’annonce du confinement), tout ce bazar lié au corona virus était de notre faute, nous les touristes occidentaux. Cet échange d’une violence inouïe nous laisse sans voix et nous pousse à quitter ce village. Nous essayons donc de rejoindre une ville adaptée pour vivre ce confinement dans de bonnes conditions.
Alors, en route pour Huaraz, où nous avons contact avec la casa de ciclista qui a de la place pour nous. Le seul problème c’est qu’à vélo, c’est à plusieurs jours de route.
Le lendemain matin, inquiets par le barrage de la police à la sortie du village, on part le plus tôt possible (7h, premier coup de pédale après une nuit franchement mouvementée, toutes ces petites bêbêtes ne nous permettent pas de lâcher). La police nous laisse passer sans aucun soucis (nous évite du regard, on ne rentre pas dans les cases, ils ne sauraient pas quoi nous dire) et bloquent en revanche toutes les voitures.
Nous attaquons ainsi le Canyon del Pato, seuls, sans voiture, à évoluer dans ce cadre extraordinaire. Nous mesurons notre chance de pouvoir rouler dans ce décor magnifique alors même que tout le pays est en confinement. Nous ne maîtrisons pas trop ce qui devrait être fermé ou pas, puisque dans les petits villages du canyon, tout semble comme avant.
Ce n’est qu’au deuxième jour que les choses se corsent. En arrivant à Nueva Esperanza, nous nous installons au restaurant, commençons à manger lorsque tout à coup, la maîtresse de maison arrive en panique en disant que le médecin du village venait d’appeler la police et qu’on devait donc quitter les lieux. Nous quittons donc ce village avec nos plats en barquette, passant devant tous les autres restaurants du village où les péruviens continuent de manger sans être déranger. Nous finirons notre « pique-nique » un peu plus loin, et passons notre premier coup de fil à l’ambassade pour connaitre les mesures pour les français en voyage. Les réponses sont vagues et les interlocuteurs débordés, une seule chose à faire : rejoindre une ville.
Le soir, à Huallanca, même type d’accueil, les hostals ne veulent pas de nous et même après avoir négocier notre chambre et installer nos affaires dans le seul établissement qui nous a accepté, les gens du village venaient nous voir, frappaient à nos portes et nous demandaient de partir. Le gérant est même venu nous rendre notre argent en nous disant qu’il aurait des problèmes avec ses voisins si on ne partait pas ( à 19h00 !). La police se postera plus d’une heure devant l’établissement pour calmer les ardeurs de la population et nous imposera une visite médicale afin de rassurer tout le monde.
Le médecin est ravi de nous voir, et même avec les copains qui parlent un espagnol parfait, il veut à tout prix pratiquer son anglais ! Il s’excuse du comportement de ses compatriotes et nous souhaite un bon voyage (genre, vous allez voir, là bas c’est superbe et puis là bas aussi… Bon, euh en vrai tout risque de s’arrêter, mais il est optimiste et sa joie de vivre est communicative !)
Nous repartons donc le lendemain avec cette petite attestation prouvant notre bon état de santé qui finalement nous sauvera de bien des situations délicates par la suite.
Malgré les nombreuses personnes qui continueront de nous aider pour subvenir à nos besoins quotidiens, nous vivons quelques scènes difficiles : refusés dans les hostals, intervention de la police (suite à délation) pour faire fermer un petit restaurant qui nous servait à manger, interventions impressionnantes de l’armée (en mode cow boys armés qui nous intimident fusils au poings), traversée d’une ville déserte sous escorte policière….
Pour autant, après discussion, tout le monde comprend bien qu’il nous est déjà bien difficile de trouver où dormir pour une nuit et qu’il nous est donc impossible de trouver un lieu pour respecter cette période de confinement.
Nous évoluons ainsi en privilégiant les bivouacs au milieu de la nature (une certaine façon de se confiner d’ailleurs) pour éviter de s’attirer des ennuis ou d’en attirer à ceux et celles qui nous aide. Nous restons très confiants envers la police qui finit toujours par être compréhensifs sur notre situation.

La belle vie en bivouac, Camille souffle ses 28 bougies !

La belle vie en bivouac #2, Lola apprend à pécher !
Après 6 jours intenses en émotion, et en km, nous arrivons à Huaraz, la fleur au fusil au J6 du confinement.
En arrivant en plein centre de la ville, c’est une tout autre ambiance. En quelques secondes, on se retrouve au milieu de 50 policiers et militaires (fourgon, voiture, moto, …) braquant leurs armes sur nous, nous sommant de laisser nos vélos et de monter dans un fourgon!!!

Une image de la fin de la scène, avec les fourgons qui repartent, chargés de « témoins »
Bien que très impressionnés, nous ne nous laissons pas prendre par la panique, et Camille, une de nos co-équipières expliquera notre volonté d’aller se confiner, mais qu’il nous fallait pour cela rejoindre Huaraz et sa casa de ciclista. Après l’intervention de quelques gradés, on obtient finalement la possibilité de rejoindre cette casa, suivi par la police s’assurant que nous allions bien à la destination prévue. (Lors de toute cette scène, toutes les personnes qui passait sur la « placa de armas » se faisait interpeller et embarquer dans ce fameux fourgon. Ce n’est pas moins de 30 péruviens qui se sont retrouvés entassés, en direction du poste de police, en terme de gestes barrières, on est limite !)
En chemin, nous surprendrons quelques personnes appelant la police pour signaler notre présence, sans savoir qu’elle nous suivait déjà, et de nombreux enfants se sauvaient en nous voyant avancer vers eux en hurlant). Autant dire que le climat de confiance venait d’en prendre un sacré coup.
Arrivés à la casa de ciclista, notre soulagement ne fût que de court instant, l’espace était relativement petit, les lits très sommaires, les cloisons aussi, … Bon, en résumé, un lieu adapté pour une petite pause occasionnelle mais difficile de s’y projeter pour au moins 10 jours de confinement.
Le lendemain, on trouve un hostal avec des chambres adaptées et disponibles, un peu d’espace extérieur et une cuisine à disposition. Un lieu qui paraît idéal et en plus pas très loin. Il n’empêche qu’il faut réussir à déménager sans rencontrer une nouvelle fois la police. Nous sommes enregistrés comme étant confinés à l’adresse de la casa de ciclista, nous avons tous fournis nos identités, il ne s’agit pas de se faire repérer.
Nos derniers coups de pédales au Pérou !
Après un premier petit repérage, on organise ce transfert en mode commando, par petites équipées, discrètes et rapides ! Le tout se déroule rapidement et sans encombres (ouf). Dans la foulée, Martin (un ami cyclo) et P-Yves repartent sereinement pour aller retirer de l’argent et acheter à manger (ce qui fait partie de déplacements autorisés). Mais à peine 100m plus loin, ils se font embarquer par un pick-up de l’armée direction le commissariat. Impossible de discuter, ils ramassaient tout le monde sur leur passage, annonçant au haut-parleur que tout le monde doit rester chez soi. La stratégie est claire, semer la terreur pour que tout le monde ait peur de sortir et reste chez soi bien confiné. Arrivés au commissariat, ils seront dans la cours des étrangers avec tous ces vénézuéliens en situations illégales, et malgré ces heures pénibles, ils reviennent en comprenant la chance que l’on a, nous, les titulaires de ce fameux passeport « Schengen ».
Notre période de confinement est ponctuée par les annonces du président péruvien, et les annonces sur le site de l’ambassade de France au Pérou.
Depuis l’annonce du prolongement du confinement total avec couvre feu de 20h à 5H jusqu’au 12 avril (minimum), nos échanges avec l’ambassade sont plus fréquents. Nous ne souhaitons pas continuer à attendre ici, sans connaître la suite de cette pandémie, sans maitriser la suite des évènements.
Notre retour était prévu pour le 20 juin, après avoir accéder à nos rêves respectifs : fouler le Salar d’Uyuni en Bolivie, à vélo, et profitez de la route 40 en Argentine…. Nous devons accepter que la situation mondiale est bien plus dramatique qu’un voyage à vélo mis en pause, nous prenons la décision de tout mettre en œuvre pour rentrer en France.
L’ambassade de France a finalement réussi à négocier quelques vols de rapatriement pour les ressortissants Français en visite au Pérou. Nous sommes sur les listes, mais attendons les autorisations de déplacements pour rejoindre Lima (d’où partent les vols, de l’aéroport militaire) et la possibilité d’acheter nos places sur un des prochains vols AIR FRANCE (prévus pour le 31 mars, le 1er avril ou le 3 avril).
La décision n’a franchement pas été facile à prendre et beaucoup d’aventures nous attendent avant de déballer nos cartons au Collet d’allevard dans un petit studio, mais nous serons bientôt « à la maison », comme vous tous.
Nous finirons cet article en embrassant (virtuellement) tous nos compagnons de route, tous les cyclos et voyageurs croisés sur la route ou rencontrés sur les réseaux, qui sont rentrés dans leurs pays avec des rêves pleins la tête … Courage les gars, les filles, c’est juste une pause ! Ainsi que tous les autres voyageurs qui décident de rester confinés dans le pays où ils se trouvent et qui projettent leur suite de voyage « en décalé »… Nous vous souhaitons aussi beaucoup de courage et de patience dans cette période « hors du temps ».
Et puis, vous, chers lecteurs et lectrices, on vous kiff, et vivement la fin de ce cocobidule pour partager ensemble un bon rhum et des images de ces 6 derniers mois des plus…. vivants ! (peut être même qu’on va trouver le temps de faire film ! Bon, ok, au moins une soirée diapo ? AH, on me dit dans l’oreillette qu’on pourrait peut être commencer par écrire nos articles sur l’Equateur et le Pérou …C’est pas faux !…)
Prenez soin de vous, restez chez vous !
La Michto Bike Family, en direct du Pérou, en attente d’un vol retour !

Des aventuriers sédentaires !
PS : pas d’excuse, vous avez tous le temps de nous laisser un com’ !
crédits photo #4cuissotssurunvélo et #biciporsiempre
Coucou,
Merci pour les nouvelles même si c’est bien
Dommage que vous soyez obligés de raccourcir votre voyage.
Bisous et bon courage!
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Ah! Que d’émotions !!!!
J’espère que tout va bien aller pour vous et pour ceux qui vous acccompagnent!
Nous sommes de tout ❤️ avec vous tous!
Gros bisous de très loin!
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Quelles aventures! C’était digne d’un roman et chaque situation nous emporte vers une autre encore plus trépidante. Même si ce n’était pas votre 1er souhait nous vous souhaitons un très bon retour en France. Des bisous de la Team Falue
(Sébastien, Aurore, Clément et Baptiste)
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Quel récit! …OMG!…hâte de vous voir de retour…même si ce voyage est écourté….
On pense bien à vous les michtos !!!
Des Gros bisous !!!
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C’est la Pequena DelCamino, je viens de lire votre post et béh que d’émotions. Le retour en France est peut-être plus sage effectivement. Vous avez réalisé vos rêves mnt place à la sécurité de votre famille.
Bon retour en France, Aurély me donnera de vos nouvelles. Bisous à vous 5. Alex
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Bon courage pour le voyage du retour!! Je n’avais pas compris dans le message que vous rentriez maintenant!! C’est plus sage!!
A bientôt, bisous la petite famille!
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Ça c’est de l’aventure et des souvenirs ! A très vite du coup. Soyez prudents d’ici là.
Des besos de la louveterie.
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Pressée de partager tout ça à votre retour, malheureusement trop rapide!
On pense bien à vous
Faites attention
Et des gros bisous
Ps: Tout le monde n’a pas changé son emploi du tps 😃
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HAHAHAHA, pardon et bon courage !!! Bientot à l’alpage ? Gros gros bisous !
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Coucou.
Dis donc quelle aventure !
Bon courage et prenez soin de vous.
Gros bisous
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Eh bah à très vite du coup! 😉 Le Collet vous attend avec plaisir! Bon retour! 🙂
Emilie
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Belle expérience qui montre que la maîtrise de la langue avec le médecin plus intelligent et ayant un bon état d’esprit d’ouverture vers l’autre peut aider.Bon retour au Mans.Prenez bien vos précautions avec l’ambassade car il n y a plus de train, plus d’avion vers Nantes (fermé) comme Roissy. Vivement la soirée diaporama au Mans. Bernard et Nadine LALOS Envoyé depuis mon appareil mobile Samsung.
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Soulagée et heureuse d’avoir de vos nouvelles !! Vous allez passer d’une aventure au plein air à un confinement il va falloir s’adapter mais je crois que vous avez prouvé que cette qualité d’adaptation faisait partie de vos bagages donc pas de souci! Le principal est de rester en sécurité et surtout ensemble. On pense bien à vous!! Bon retour.
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Merci pour ce beau récit qui nous fait revivre les aventures de Martin et Émelyne ( Martin ne nous avait juste pas dit que les fourgons étaient bourrés, les absurdités et injustices exacerbées sont également présentes par ici).
Xavier, papa de Martin
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Coucou de Normandie. Où, j’ai le temps de penser à vous . 😊😉😊Confinement oblige. A bientôt. Bisous à tous.
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Salut les voyageurs !
Eh bien ! Que de péripéties pour ce voyage !
On pense bien à vous. De gros bisous 😘
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On est rassurés que vous rentriez. Votre fin d’aventure fait froid dans le dos. C’est vraiment dommage. Hâte de vous savoir en « sécurité » au collet. On vous embrasse fort. Sarah Mat Zoé et Élio.
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Dommage pour cette fin d’aventure prématurée… vos récits et images sont déjà énormes !
Bonne organisation du retour.
Bisous à tous.
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Coucou la Michto Bike Family !
On pense bien à vous,
hâte de vous revoir…En Mayenne, au Collet ou Ailleurs…
Bisous virtuels,
Avec Elan… !!!
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Quelle rocambolesque aventure et comme elle est bien écrite !! C’est un vrai plaisir de connaitre un peu de votre quotidien et surtout c’est palpitant. Je vous embrasse tous les 5 et j’ai hâte de vous voir )
🧡💚💜💙
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Quelle aventure, ce récit nous tient en haleine tout du long.. Que de souvenirs pour vous et vos enfants.
Rentrez bien. Bisous de Louis Cathy
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Merci pour ces nouvelles rassurantes malgré les obstacles rencontrés. J’avais effectivement entendu des témoignages de français coincés au Pérou disant que les habitants n’étaient pas tendres avec eux. Bon courage pour le retour vers la France et les Alpes. Bises, Marie L.
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Coucou les copains !!
Nous voilà rassurés, tout va bien et c’est bien cela le principal !
Mais quelle aventure oui !!
Et alors, que vous soyez en si peu de jours aussi proches de nous nous rend tout quoi…!!
Espérons que l’on puisse vite se revoir !
Prenez soin de vous, bon confinement à la montagne !! 😘😘
Gros bisous à tous les 5 !
Juliette, Julien, Fantine & Milo
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