Le 25 novembre 2019
Alors que nous nous faisions un monde du passage de frontière Panaméenne (soit disant des médecins vérifient l’état de santé des voyageurs, vérifient les vaccins; des douaniers insistants sur des billets d’avion retour ect….), les enfants réussissent comme à chaque fois à extirper un sourire au douanier. Ce dernier semblait pourtant très sérieux, mais comment rester insensible à nos trois minus tellement fiers de reproduire leur photo d’identité?! La seule difficulté aura été de trouver le poste de douane, ce dernier est coincé entre deux boutiques de duty free, et rien ne nous impose d’y faire tamponner nos passeports. Pourtant, les conseils aux voyageurs du site de la diplomatie française sont formels, sans ces tampons, en cas de contrôle, nous risquons une importante amende, une exclusion du territoire après un séjour en centre de rétention. Étrange comme pratique. Mais nous sommes évidemment rodés, on y tient à nos coups de tampons ! Le Panama est déjà notre 7ème pays d’Amérique et notre 27ème pays à vélo !

On retrouve cette nature luxuriante, et les délicieux fruits qui vont avec !
Il est assez tard quand nous recommençons à rouler. Notre « chorégraphie » habituelle terminée (entendre : trouver de l’argent (quoiqu’ici, on paye en dollars, le balboa ne sert qu’à la petite monnaie), trouver à manger, trouver notre chemin), nous sommes pressés de trouver où bivouaquer. Les 35 km de la matinée sous une chaleur de plomb nous ont séché !
Nous nous arrêtons assez rapidement dans un parc avec des jeux pour enfants. Il y a du monde, pleins d’enfants et des jeunes qui font du baseball. Beaucoup sont intrigués de nous voir arriver. Les questions fusent, mais certains enfants n’arrivent pas à comprendre pourquoi nous ne parlons pas espagnol ! La seule réponse qu’il nous donne quand on essaie d’expliquer qu’on ne comprend pas, qu’on ne parle pas espagnol est : PORQUE ? Malgré tout, les échanges sont évidemment agréables, nous sommes vraiment tentés pour rester ici pour bivouaquer. Le manque d’espace d’intimité nous pousse à aller voir un peu plus loin. La nuit nous rattrape, on ne doit pas perdre de temps. La fameuse police nous arrête pour un contrôle de papier classique, on a bien fait de faire tamponner nos passeports !

La police nous escorte un petit moment, par simple curiosité visiblement !
On pousse donc jusqu’à la ville de Changuinola pour aller bivouaquer sur le bord d’une rivière (adresse trouvé sur l’application Ioverlander, c’est une plateforme collaborative où les utilisateurs (van, camping car, cyclo) peuvent échanger quelques bonnes adresses : resto pas cher, lieu de bivouac sauvage, station essence qui accepte les tentes … Super utile dans ces pays humides aux terrains détrempés!). A cause de la nuit et de la pluie, on trouve un hôtel in extremis, très correct, pas très cher et … juste en face d’une discothèque !!! Bon, les enfants ont bien dormis et vu les pluies torrentielles de la nuit, nous étions finalement assez contents d’être au sec.

« no hablo espagnol! » « por que??? »…. C’est bien là toute la question ! Pourquoi ne parlons nous toujours pas espagnol !
Le lendemain, nous prenons la route d’Almirante. Les villages à bananes laissent petit à petit la place à quelques villages indigènes. Des cabanes sont montées sur pilotis, on y aperçoit un hamac, du linge qui sèche, et des enfants souriants. Nous ne voyons pas de réservoir d’eau, parfois nous apercevons quelques femmes revenant d’une rivière. Lors des côtes à 15% où nous évoluons à 3km/h (quand nous réussissons à avancer!), nous avons le loisir d’imaginer leur vie quotidienne.
Ces personnes que les citadins appellent les indiens ont certainement une vie simple et sans superflu. Je m’invente des histoires et imagine qu’ils ne boivent que de l’eau de coco ou du jus de canne à sucre. Nous croisons également de nombreuses écoles et minibus de transports d’écoliers. Nous sommes aussi régulièrement surpris par des jeunes lycéens qui surgissent de la jungle, en uniforme, prêt pour étudier ! C’est vallonnée et magnifique, nous avons régulièrement une vue imprenable sur la mer des Caraïbes.

École aux couleurs du Panama, en cambrousse.
Nous nous arrêtons une nuit à Almirante, ce que font à priori peu de personnes. Il s’agit du petite ville portuaire spécialisée dans l’exportation (de bananes principalement). Il s’agit aussi de la ville de départ pour les îles de Bocas del Toro (et ses plages paradisiaques). Nous n’avons pas prévue d’y aller, ni assez de temps puisque nous avons déjà réservé notre avion. Nous nous envolerons de Panama Ciudad vers Medellin en Colombie le 13 décembre, mais il nous faut encore pas mal rouler.
A la tombé de la nuit, nous sommes attirés par le son d’une batucada. Ils sont nombreux à jouer en pleine rue, de tout âge, ils s’entraînent dans une ambiance très joyeuse et bienveillante. Toute une chorégraphie de lancer de tambour accompagnent des rythmes hyper soutenus. Les enfants sont en extase devant ce spectacle, et nous aussi. Heureusement que les « répétitions » ne s’arrêtent pas trop tard, nous n’aurions pas réussi à quitter cette ambiance !
Le lendemain, en préparant nos vélos pour partir assez tôt, nous rencontrons une famille Canadienne. Tout prend très vite, nous discutons (beaucoup) avec Pete et Pamélie pendant que les enfants jouent avec Justine (bientôt 3 ans) et Élisabeth (5 ans). Ils sont en vacances pour 3 semaines au Panama, et attendent leur ferry pour aller à Bocas del Toro. Nous ne pouvons plus trop rester à discuter, une autre étape assez vallonnée nous attend et la pluie reprend.

Ce genre de panneaux ne nous motive pas vraiment !
Mais nous avons envie de passer plus de temps ensemble, parler français, avec des canadiens voyageurs vraiment fun et des fillettes du même âge que nos minus : le rendez-vous est pris ! On se retrouve dans quelques jours, après leur excursion sur les îles. Avec leur voiture de location, ils nous rattraperont sans aucun problème ! Puis, il n’y a qu’une route, ils ne peuvent pas nous rater !

THE rencontre du Panama, nos amis québecois !
C’est donc gonflé à bloc que nous attaquons notre journée. Malgré tout, nos pauses sur le bord de la route pour boire un coup ou juste souffler sont nombreuses. Les dénivelés sont vraiment prononcés et on en bave.

ON A CHAUD ! 45,2° au compteur !!!
Grâce à notre vitesse de croisière vraiment lente, nous observons de nombreux paresseux. L’occasion de continuer à comprendre cet animal.
Lola : « Le paresseux est un animal capable de ne pas respirer pendant 40 minutes, il met son métabolisme à l’arrêt pour ne pas avoir besoin d’air. Ils ont presque toujours la tête en bas, suspendus sur une branche. Ils mangent des feuilles très épaisse et ne font caca qu’une fois par semaine! Ils ont 3 grosses griffes à chaque membres, ça sert à monter aux arbres. Ils sont gris/marron/vert : il y a une sorte d’algue qui poussent sur leur poil…
Ce n’est donc pas un mythe, nous buvons énormément d’eau de coco tout au long de la journée. On nous en offre, on en cueille, c’est bien la boisson de base ici. Même notre hôte warmshower nous confirme qu’il ne boit que cela et des oranges de ces fincas : jamais d’eau !

Un homme nous questionne lors d’une de nos nombreuses pauses et nous offre une branche avec au moins 10 noix de coco dessus !
Charly nous accueille dans plusieurs endroits, une fois dans une ferme sur notre route (juste après une énième côte à 11%, c’est fou ces pentes quand même!), le soir suivant dans sa maison (en travaux, avec un accueil plutôt distant dirons nous. Il faut dire qu’on cumul les lacunes : on ne parle pas espagnol et on ne comprend pas du tout son anglais d’américain mixé au patois espagnol du coin!).
Nous réussirons quand même à comprendre qu’une autre de ses fincas nous est ouverte à 11km de là, pour la nuit prochaine. 11Km ? Une si courte étape, ça annonce les dénivelés qui nous attendent !

Quand les pentes sont trop raides, Lola descend du tandem bleu et va aider en poussant le tandem orange. Cette fois ci, il y avait embouteillage sur la bande d’arrêt d’urgence !
Nous partons sous la pluie un peu inquiets de la journée à venir. (Marine inquiète par cette montée de 1200m de dénivelé + qui prendra au moins trois jours : flemme flemme flemme, Piv inquiet par la mauvaise volonté féminine et par la météo capricieuse!)
C’est donc sans trop de difficultés que 7km et 100 m de dénivelé + plus tard, Marine négocia une place dans un camion : José accepte de nous monter en haut de cette pénible côte … Et dire qu’en 1H c’était réglé !!! On se demande ce qu’on fabrique à vélo parfois !

José, notre sauveur !
A l’arrivée, euphorie familiale générale malgré une météo vraiment capricieuse. Nous voilà perché en haut de la montagne à l’abri du froid dans notre dortoir d’hostel privatisé avec vue imprenable sur ces belles montagnes.

C’est qu’il pleut non stop depuis presque 24H aussi !
Quelle drôle de sensation de se préparer pour une grande descente sans avoir eu à gravir la montée ! Nous décollons assez tard et profitons d’un super p’tit dèj, ce n’est que de la descente après tout…
Bon bah les grosses descentes, c’est aussi fatiguant ! Il nous a fallu faire preuve d’une grande concentration sur une route abîmée et sinueuse, user sans interruption les freins, se méfier de voitures et camions « entrainés » par la descente et … réparer une crevaison liée à la chaleur des jantes…

C’est quand même pas mal !
Nous profitons évidemment de cette descente, mais nous ne roulons pas aussi vite que nous l’avions envisagé. Alors, notre pause baignade de l’après-midi glisse tranquillement pour un arrêt bivouac, c’est vraiment agréable d’avoir cette liberté ! Nous sommes au mini-canyon de Gualaca. Une rivière, un petit canyon, des voisins sympathiques, tous les éléments sont réunis pour passer un super moment de détente. Même la police «veillera» sur nous (selon leur terme) en faisant des rondes aux alentours toute la nuit !

Un joli canyon se cache sur cette photo…
Après cette super pause, une GROSSE étape nous attend. Nous souhaitons retrouver les copains canadiens à Las Lajas le soir même. Partis après 8h00, nous enchaînons 87km, 700m de dénivelé + et 3 crevaisons (vive les retrouvailles avec la panaméricaine et ces déchets de pneus de camions qui nous perce nos pneus « increvables »!). La joie de se faire doubler par les copains effacera tous les efforts de la journée et les deux jours de farniente suivant seront vraiment parfait pour tous !
Beaucoup trop de crevaisons en 2jours, mais des petites assistantes efficaces !
On découvre une gigantesque plage ( la plus grande du Panama, 14 km de sable fins…), on profite d’une guest house avec piscine rien que pour nous, et on partage sur nos voyages respectifs accompagné de ti’punch. Le seul hic : maintenant on a qu’une envie : aller faire une saison d’hiver au Québèc !
Nous savons que nos routes se recroiserons, en France ou au Canada, mais les au revoir restent pénibles pour tous, au point que nous fixons un futur RDV avant qu’ils quittent le Panama.

La fameuse panaméricaine.
Nous avons retrouvé la panaméricaine et le plaisir du bivouac. Tantôt près d’une rivière, où l’on se met aux coutumes locales en profitant d’un bon nettoyage dans la rivière après une belle journée très chaude, tantôt (bah oui, on a des expressions québecoises maintenant) dans des stations services ! Aire de bivouac 5 étoiles : douche, toilettes, jeux pour enfants, wifi, restaurant, le tout gratuit ! On ne s’en prive pas. Un vrai luxe de retrouver un peu d’autonomie et de liberté dans nos étapes. Pour couronner le tout, le midi nous nous régalons de « menu du jour » style ouvrier toujours prêt et toujours bon à des prix très raisonnable. Toutes les conditions sont réunies pour nous faire avancer malgré les très grosses chaleurs.
Nous réussirons à rejoindre les copains pour leurs derniers jours, cette fois chacun de son côté de la plage. Nous sommes dans un hostel des plus classiques dans un quartier touristiques vraiment bourgeois, ils sont de l’autre côté d’une petite rivière dans un hôtel style village vacances. Ce détails a toute son importance puisque cette fameuse « petite » rivière, le Rio Hato nous fera découvrir une autre sorte d’aventure en famille.
Cette fois, c’est bien fini, Pete et Pamélie partent prendre leur avion à Panama city, il leur faudra une grosse après midi de voiture pour rejoindre l’aéroport, il nous faudra 3 jours pour espérer rejoindre notre point de chute à la capitale.
Plus on se rapproche de la ville, plus le trafic s’intensifie. Les tarifs des menus ouvriers augmentent, les stations services n’autorisent plus les bivouacs (vu le trafic c’est pas si mal), les accidents se multiplient, bref, ce qu’on redoutait se produit. Il n’est jamais très agréable ni safe de rouler aux abords des grandes villes. Alors, on ne regarde pas trop dernière nous, on avance vite pour en finir avec la panaméricaine.
Il nous reste encore le canal de Panama à traverser. Nous sommes inquiets, Genaro le cyclo italien que nous avions rencontré au Costa Rica avec la Happy Family s’est fait boulé du pont des Amériques quelques jours plus tôt. Nous espérons que tout se passera bien sur le pont du Nord, le pont du centenaire.
Le matin avant de passer le pont, nous ne parlons que de ça, on brief les enfants, 5 km avant le fameux pont, on se prépare, on boit un dernier coup d’eau, les enfants font pipi, on installe la gopro pour immortaliser ce moment. Le canal du Panama, tout le monde ne nous parle que de lui! Finalement, c’est d’une facilité sans nom. C’est un pont plat, donc super facile d’y rouler, il n’est long que de 500m à peine, il y a une grande bande d’arrêt d’urgence, et peu de trafic ! C’est tellement déconcertant que Lola ne nous croit pas quand on lui dit que c’est fini !
… C’est fou que ces quelques centaines de mètres séparent l’Amérique du Nord de l’Amérique du Sud, géographiquement parlant.

Des trombes d’eau pour notre arrivée en Amérique du Sud !
Nous sommes le 10 décembre, il ne nous reste plus qu’à packer les vélos, se délester un peu et rejoindre l’aéroport. Grâce au réseau warmshower et aux conseils de Sebas et Alby, nous bénéficions de l’entraide des « français voyageurs ». Thomas et Aurélie ne peuvent pas nous accueillirent, mais leurs amis et voisins Maëlys et Grégoire le peuvent. C’est donc dans une superbe maison dans un ancien quartier américain proche du canal (les américains ont lâché le canal il y a tout juste 20 ans, le 31/12/1999) que nous rencontrons nos sauveurs qui nous permettront d’effectuer les galères liées au vol dans les conditions des plus parfaites.

presque emballés pendant que les enfants barbotent
Soizic leur fille de 6 ans et Nathanaël leur fils de 4 ans s’entendront à merveille avec nos loustics. Décourir des livres français, des jeux, des déguisements, rencontrer d’autres enfants du quartier, jouer à l’école magique avec une nouvelle bande de copains, faire de la trotinette, profiter de la piscine… Voilà la recette parfaite pour démonter et emballer des tandems en toute tranquillité. Quand on repense au coup dur qui nous est tombé sur le coin du nez en découvrant qu’on devrait prendre un avion et les chouettes rencontres que cela à induit, on se dit qu’il n’y a pas de hasard !
Comme souvent, on ne sait pas comment remercier nos supers hôtes qui nous facilitent tellement le départ, mais quelle joie de partager tout ces moments « hors du temps » dans nos vies françaises entre parenthèses ! Merci Maëlys, merci Grégoire, on est même reparti avec nos boutons de moustiques complètement guéris !

Une belle brochette !
Une fois les vélos en cartons, ce n’est plus qu’un jeu d’enfant ! Du moins, c’est ce que nous pensions. A peine nos affaires sortis du taxi, on comprends que ça ne vas pas être si simple.
L’aéroport de Panama City est organisé de manière à ce que tous les bagages soient enregistrés en même temps. Au delà de l’angoisse de ne pas retrouver nos bagages se rajoute l’angoisse de rater notre avion ! Nous avions 3H d’avance, nous finirons le check-in 30 min avant le décollage ! Plus de 2H de file d’attente avec des enfants survoltés (épuisés quoi), des MILLIERS (non je n’exagère pas) de sacs poubelles scotchés et emballés pour partir on ne sais où, de nombreux regroupements familiaux qui vérifie le poids des bagages au guichet même (et vas-y que je te refile un body,… Ok mais tu prends mes chaussures à talon et mes espadrilles… Attention, tu as fait tomber mon lisseur…). Bref, une vraie aventure sous les regards habitués des hôtesses et stewards !
Une fois installé dans l’avion tous les 5, la pression redescend et les souvenirs de ces quelques semaines au Panama prennent place.
C’est parti pour une 1H de vol.
1H !
500km !
750€ !
Il reste difficile à comprendre qu’il n’y ai pas de voie terrestre pour rejoindre ces deux Amériques.
Nous sommes le 13 décembre, 1h plus tard, nous serons en Colombie, mais ça, c’est une autre histoire !

Merci les enfants de nous avoir piloté jusqu’ici !
Merci de nous suivre dans nos aventures !
La Michto Bike Family
Merci de nous permettre de suivre vos aventures la Michto Bike! Je ressens tout plein d’émotions de vous lire à chaque nouvel article. Vous êtes beaux, et belles, ça vous va bien l’aventure!! Pas facile en itinérance d’apprendre l’espagnol mais je suis certaine que ça va finir par rentrer d’ici l’Argentine ! 🙂
Et sinon, c’est quoi ce truc de lever le doigt sur les photos Marine et Pyv?
Muchos besos!
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C’est clair qu’on commence à savoir dire autre chose que « voyage » et « vélo », mais niveau construction de phrase, on est mauvais ! Vive duolingo ! Pour les doigts en l’air, ce n’est un geste d’appartenance à un gang, ni un effet de mode, ça doit être un toc !!! Grande abraso 😘😘😘
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