L’Iran, accueils, rencontres, cultures.

Après avoir été déporté de l’Azerbaïdjan, nous espérons être bien accueilli par l’Iran, et c’est peut dire !

Jamais nous n’aurons été adulé comme ici. Nous sommes tellement sollicité de tous côtés dès notre passage de frontière, que nous entrons dans un tourbillon d’émotions qui ne nous quitteras pas.

Amir, notre hôte warmshower nous attend patiemment à la frontière depuis la fin de matinée. Nous débarquons à 18h et sommes contraint de rouler 30km en pleine nuit sous les applaudissements des automobilistes, klaxonnes des camionneurs, et « reportage » photo d’un de ses amis journaliste… Nous arrivons éreinté mais heureux…

Amir est un jeune homme de 17 ans hyper méga cultivé, super intéressant avec un anglais parfait et un intérêt plus que prononcé pour l’accueil de voyageurs (plus de 70 invités warmshower juste sur l’année 2017!!!!). Nous quitterons la maisonnette de son papy ravi de cette improbable rencontre. Avant de prendre la route, nous passons quelques instants avec Farid, administrateur warmshower qui nous accueille, citation de Victor Hugo sur son T-shirt : « Celui qui ouvre une école, ferme une prison ! ». C’est l’enseignant de Français d’Amir, qui vient justement d’ouvrir une école sur Astara. C’est une rencontre rapide, mais extrêmement riche. Il nous dira au revoir avec la fameuse citation de Saint Augustin : « Le monde est un livre et celui qui ne voyage pas n’en lit qu’une seule page ». Peu de temps après, nous rencontrons Sima, une Amie d’Amir, elle aussi Warmshower. Elle a seulement 16 ans, parle parfaitement l’anglais et semble aussi très cultivée.

Nous repartons, complètement stupéfaits par l’ouverture d’esprit de nos premières rencontres, qui sont aux antipodes d’une vision beaucoup plus fermée que nous pouvions avoir de l’Iran.

Vision, pas totalement fausse, puisqu’en lançant à notre tour une invitation à venir voyager dans nos contrés, nous découvrons que les Iraniens ne peuvent pas avoir de passeport sans avoir fait leur service militaire.

La suite,… … la suite nous ne pouvons la raconter avec autant de détails qu’a notre habitude, l’ensemble de nos rencontres sont tellement riches, multiples, complètement différentes et quotidiennes que nous sommes contraint de faire évoluer notre façon d’écrire et de se souvenir…

L’accueil de l’étranger !

Nous pensons avant tout, qu’ici, comme ailleurs, l’étranger intrigue, et encore plus lorsqu’il voyage en famille à vélo. Mais ici, et c’est une institution, il doit être bien accueilli. Alors, ouvrir les portes de sa maison devient la façon la plus simple de rencontrer quelqu’un et de passer du temps avec cette personne. Étant perçu comme des « extraterrestres » dans chaque regard croisé, nous sommes très souvent invités à rejoindre le cercle familial afin d’y partager un moment, un repas, une nuit.

Alors, les questions fusent, l’ensemble des connaissances de nos hôtes passent boire le çaï (thé) et manger des fruits afin de voir « les tourist farançè » et les flashs ne s’arrêtent plus de briller. Nous sommes de vrai popstars. Même si nous préférons de loin les petits accueils simples en toute intimité, mais beaucoup moins fréquents, nous arrivons toujours à en tirer le meilleur et mesurons la chance que nous avons de circuler si facilement dans ce grand pays.

Chaque rencontre est unique, chaque repas également, et presque toujours nous sommes conviés à manger au sol. La grande nappe est déployée, le couvert y est dressé et tout le monde s’installe en tailleur pour manger, plus ou moins en même temps. Nous prenons vite goût à cette facilité de manger à 5 ou à 20 sans que ça change grand chose. Une vrai convivialité simple à organiser. Une fois le repas terminé, il suffit de s’adosser contre le mur orné de grands coussins pour montrer que l’on est repus (bon nous, on a rarement le droit de s’adosser, parce qu’ils nous offrent toujours plus à manger, et c’est vraiment leur faire plaisir que de manger toujours plus, alors, comme c’est très bon, pourquoi se priver !)

La plupart du temps, le repas « spécial » invité c’est : kebab ! Qui est à traduire en « barbecue ». Mais attention, pas n’importe lequel ! Viande de poulet mariné, embrochées et cuites à la braise accompagnées de tomates grillées, et d’un riz parfait, un délice ! Nous avons aussi découvert quelques plats traditionnels vraiment succulent : le fessenjun fait l’unanimité chez la Michto Bike Family (poulet, noix, pâte de grenade …) un délice.

Grâce à l’incroyable générosité de ce peuple, en deux mois d’Iran, nous avons du passer 4 nuits à l’hôtel et seulement une 15aines nuits dans notre tente (et encore, bien souvent nous nous cachions pour être sûr de pouvoir passer un peu de temps qu’entre nous!), tout le reste du temps nous sommes invités par des warmshower ou par des hôtes spontanés.

Oui, pour les warmshower, on peut vraiment parler d’invitation,puisque nous avons fait très peu de demandes. Farid, rencontré dès le premier jour, a fait passé un message sur Telegram, une application très utilisée en Iran. Il y informait tous les warmshower de notre parcours, et alors, les invitations ont fusé de toutes parts !

Nous passons toujours de très bons moments à discuter, manger, partager, puis nous couchons souvent nos enfants au milieu d’une pièce vide, ornée de tapis persan très épais. Nos hôtes nous proposent des « matelas » sorte de couvertures très épaisses en guise de lit, et des couvertures plus fines et tellement douces pour se couvrir. Les enfants gardent leur repère en dormant sur leur matelas vert, et nous reprenons vite goût à nos matelas autogonflant aussi. Après une semaine de politesse et de facilité en essayant de dormir à la façon Iranienne, nous abdiquons rapidement pour retrouver nos nuits, et le confort de nos matelas thermarest ! (comme quoi nous aussi on a besoin de repères, mais surtout de confort!)

L’accueil semble très simple en Iran, tout y est pensé pour que ce le soit en tout cas. Les pièces sont vides de tout meuble, seule la cuisine est équipée pour un grand nombre de personnes. Chaque espace peut alors devenir salon, salle à manger ou chambre en un clin d’œil. Nous avons aussi dormi dans des salles de prière, été accueilli par des maraîchers dans leur abri à côté du champs, dans une mosquée, un kinder garden/salle de classe, une maison utilisée en bureau et libre la nuit, bref, un grand florilège de chouettes rencontres, et un grand nombre de nouveaux toits !

L’accueil en Iran, c’est aussi toutes ces personnes qui s’arrêtent simplement pour nous demander : Do you need anything ? Can I help you ?

C’est aussi toutes ces voitures qui nous attendent sur le bas côté avec des bouteilles d’eau, des fruits, des pistaches, des dattes, des soupes, des boites de repas à emporter, des petits plateau thé servis accompagnés de quelques délicieuses « confectionarry », des bonbons, des boissons fraîches …

A cela s’ajoute, tous les « Hello », « Welcome to Iran » que l’on nous cris de toutes parts en permanence. Souvent accompagné de « How are you ? » et surtout « Thank you ! ».

Entendre « Thank you » lorsque l’on dit bonjour, nous laissait d’abord penser à une erreur sur les termes utilisés, mais en fait non, nous sommes bien remerciés de venir leur rendre visite. C’est ce qui est le plus marquant dans cet accueil. Notre venue semble être un cadeau bien plus important que tout ce qu’ils font d’incroyable pour nous accueillir. Ça peut parfois être gênant, parfois être très intrusif, mais tellement riche de pouvoir découvrir et vivre ce pays « de l’intérieur » !

Je crois que contrairement à d’autres pays, ici nous n’avons pas visiter, mais nous avons bien rencontrer l’Iran !

Bon, il faut le reconnaître, cet accueil et toutes ces sollicitations, par moment, c’est trop. Trop, parce que souvent nos enfants dorment dans la chariote et respecter leur rythme de sommeil est non seulement un besoin, mais au regard de la patience et de l’adaptabilité qu’on leur demande pour ce voyage, les petites siestes de Nino et Myrtille sont une nécessité. Trop, parce que nous sommes en voyage en vélo et que même en s’assurant de pouvoir prendre du temps lorsqu’on en a besoin, nous devons rouler, notamment lorsque l’on sait que la fin de journée est proche et que l’on ne souhaite pas rouler de nuit.

Et tout simplement, nous souhaitons rencontrer du monde, nous aimons ces moments de partage mais ces sollicitations sont tellement nombreuses que nous ne pouvons pas répondre positivement à toutes ces demandes, même lorsqu’il s’agit des plus généreuses des intentions. (Nous avons refusé un nombre incalculable de dattes, thé, fruits…)

Et ceci sans compter, l’ensemble des fameuses demande : « Axe bigili ? », à traduire par « est-ce que je peux vous prendre en photo ? » Ici, le selfie diffusé sur les réseaux sociaux est bien plus qu’une mode c’est, visiblement, une des premières raison de vivre ! Je ne saurais compter le nombre de photos, selfies prises par jour, mais ce qui est sûr, c’est qu’au bout d’une semaine en Iran, on croisait presque tous les jours des personnes qui nous avait déjà vue sur Instagram, facebook, télégram !!! Avec même des vidéos dont on ignorait l’existence !!! Ce phénomène est d’une telle importance que les seules moments où nous avons eu peur sur la route étaient dus à un chauffeur qui essayait de nous prendre en photo ou en film et n’hésitait pas à nous couper la route ou à changer de voie pour avoir les meilleurs clichés !

Voici un exemple d’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux iranien dont nous ne connaissons pas l’auteur :

Avec toutes ces incroyables rencontre et invitations, il nous a été bien difficile de repérer ce que l’on appelle « le Thorof’ », il s’agit de fausses propositions, puisqu’il est aussi de coutume de toujours refuser avant d’accepter.

On nous avait pourtant prévenu : il faut toujours refuser trois fois avant d’accepter, et ce pour être sûr que l’on vous propose bien ce que l’on vous offre.

Mais à ce niveau là ! C’est un vrai sport national.

Il n’est pas rare qu’un vendeur refuse notre argent, d’abord il ne nous dit pas le prix, on insiste, il annonce le montant, on donne l’argent, il refuse, on insiste, il encaisse. Bon ça c’est quotidien. Et puis parfois, on a beau insister, donner les sous, refuser de partir sans payer, bref la totale, on repart les bras deux fois plus charger que ce dont on a besoin pour la journée sans rien pouvoir payer.

Nous avons subi cette coutume quotidiennement et c’est épuisant ! Le plus perturbant, c’est quand quelqu’un vous propose quelque chose, que vous n’avez rien demandé, mais que tout naturellement vous acceptez la gentille offre. Et finalement, comme il s’agit de cette fausse politesse, on arrive à regretter quelque chose que l’on ne cherchait pas à avoir.

Un jour, très tôt dans l’après midi, nous cherchons a entrer dans un camping qui semble fermé. Juste le temps de s’approcher du portail qu’une femme nous interpelle, les mains chargées de courses. Elle nous fait comprendre que le camping est fermé, et que nous ne pourrons pas dormir ici. Immédiatement, elle nous invite chez elle et nous fait signe de la suivre. Çà nous semble assez loufoque, mais acceptons rapidement car Myrtille a un RDV chez le docteur quelques minutes après et Marine, Lola et Nino doivent être posé quelque part avant l’intermède « impatigo ». Cette fameuse dame donc nous dit « Ronè ma, rob chap ronè ma » (maison moi, dormir nuit maison moi), on ne parle pas le farci, mais on comprend les mots qui nous sont nécessaires !

Nous voilà donc enfourchant nos vélos à suivre cette brave dame, toute souriante. Puis, Pyv remarque qu’elle nous fait tourner en rond dans un quartier tout proche du dit camping, ne nous parle plus, marche de plus en plus vite… Puis nous montre un bas côté de route herbeux coincé entre le trottoir et la 4 voies nous disant « chador chap » (tente nuit) le tout le pouce en l’air, et disparaît !

Bref, elle nous abandonne au milieu de nulle part ! Nous avons perdu du temps, Pyv et Myrtille se sauvent avec le tandem chez le toubib et Marine conduit la chariote direction : le parc le plus proche pour occuper les minus !

Quand on vous dit que c’est épuisant !

Mais, grâce à l’incroyable générosité et hospitalité des Iraniens, au même moment, une famille nous offre le thé et la fin du pique nique. Un autre passant, désespéré de nous voir là et ayant crainte que l’on manque de quoi que ce soit, nous invite de manière très insistante chez lui. Il nous prend en charge. Nous passerons l’après midi et la nuit chez cette famille de trois enfants qui ne pouvait imaginer nous laisser nous débrouiller seul ! Ils seront d’une incroyable générosité, mais « perturbé » par notre façon d’élever nos enfants. (Comment ça un bébé ça pleure ? Êtes vous certain qu’il peut manger cette bouillie ? …)

Une autre difficulté, qui je pense vient de cette pratique du Thorof’, c’est de faire bien comprendre un réel refus. Et oui, puisqu’il est poli de dire non lorsque tu veux dire oui, comment bien faire comprendre que ce coup-ci non, c’est non !

Pour finir sur cette question de l’accueil et parce que cette expérience est pour nous tellement riche que nous espérons vous donner envie de venir « rencontrer l’Iran ». Alors, il faut se préparer à ce que dans toutes les zones touristiques (Persépolis, Isfahan, Yazd, Shiraz, et j’imagine Téhéran) les prix pratiqués pour une « tête d’européens », sont 2 fois, 3 fois, 4 fois supérieurs aux prix habituels que vous trouverez dans le reste du pays. Mais rien d’étonnant, puisque même pour une entrée de Mosquée, ou de musée, nous payons 10 fois plus cher qu’un Iranien. Alors bien sûr, nous pouvons atténuer ce phénomène en négociant un peu, mais il y aura toujours une différence.

Mais même avec ce phénomène, l’Iran reste un pays bon marché.

Par ailleurs et avec une grande tristesse, nous observons que malgré cet accueil formidable qui nous a été réservé, du racisme est bel et bien présent en Iran. C’est malheureusement le cas depuis notre départ, des 11 pays que nous avons traversés, nous avons toujours été alertés, pour que l’on se méfie, d’un peuple ou d’une population en particulier. Et pour nous, toujours cette même question : comment ces personnes qui sont si généreuses envers nous, peuvent-elles entretenir autant de haine envers d’autres ? Ici, nous avons eu des discours anti-américains, anti-arabes qui sont entretenus depuis cette guerre Iran / Irak, d’il y a 30 ans. Mais, le racisme le plus présent est envers les Afghans, qui sont toujours de plus en plus nombreux à essayer de se réfugier, ici.

J’ai (P-Yves) assisté à une des scène les plus révoltantes de ma vie dans le sud de l’Iran. Alors que nous nous arrêtons à l’un des nombreux barrage de Police, nous sommes accueillis, comme toujours, par des policiers souriants toujours prêts à nous rendre service. Nous profitons souvent de ces barrages pour faire le plein d’eau puisqu’ils ont toujours une citerne à disposition. Ce coup-ci, lorsque je demande si je peux remplir mes bouteilles, on me fait comprendre que cette eau n’est pas bonne pour nous. Je suis invité à suivre un policier qui me demande de m’approcher de la caserne. J’arrive sur une petite terrasse devant leurs dortoirs et me voilà les bras chargés de bouteille d’eau minérale bien fraîche sortant tout juste du frigo. Pendant ce temps, un autre policier me demande si je suis touriste et de quel pays je viens. Et un autre policier répond, qu’ici il y a beaucoup de tourisme (ce qui n’est pas le cas), et me précise que ce sont des touristes Afghans en me montrant une bonne cinquantaine de personnes, que je n’avais pas vus en arrivant.

Ils sont entassés sous un tout petit espace d’ombre sous une grande chaleur. A ce moment là, tous les policiers explosent de rire et certains d’entre eux ont commencé à leur crier dessus pour qu’ils viennent ramasser mes bouteilles d’eau vide pour les mettre à la poubelle et porter les bouteilles d’eau pleine à mon vélo ! Le tout accompagné de quelques coups de pieds, en les poussant pour qu’ils se lèvent plus vite.

Violence verbale, humiliation, et violence physique… sur des pauvres gens qui semblent assoiffés, affamés, exténués… à qui on demande de me venir en aide, à moi qui n’est besoin de rien et à qui on offre tout !!

Je fais mon possible pour ne pas rentrer dans ce jeu, en expliquant que je garde les bouteilles vides pour les remplir plus tard et que mes filles adorent ramener les bouteilles d’eau au vélo !

Et nous repartons, l’âme en peine, comprenant que la mauvaise odeur qui régne autour de la caserne vient de ces pauvres gens entassés comme du bétail !!

Comment peut-on traiter des êtres humains de cette façon ?

Pourquoi sommes-nous si bien accueillis, alors que d’autres sont à ce point maltraités ?

La vie politique, morale et religieuse

Lors de notre arrivée en Iran, Marine a dû porter le voile, dès le passage de frontière, c’est inscrit dans la loi. Ici, hommes et femmes ne se touchent pas, pas même pour une poignée de main.

Ce pays est d’une richesse incroyable et nous sommes aujourd’hui en mesure de dire que son peuple et sa culture, ses monuments et sa diversité de paysages y est unique.

Mais, ce que nous ne sommes toujours pas en mesure de dire c’est pourquoi mais pourquoi ne se révoltent-ils pas plus contre le pouvoir en place et toutes ces lois inutiles ? Nous faisons peu de débats politiques ici, et c’est bien par choix, mais nous ne pouvons laisser de côté quelques questions qui nous taraudent.

Nos rencontres ont été d’une grande diversité, plus ou moins conservateur, plus ou moins religieux, plus ou moins en accord avec le pouvoir en place, et je crois que l’on peut affirmé que tous, sans exception ne respectent pas les lois dans leur sphère privé.

En revanche, dans la sphère public tout le monde vit son quotidien en respectant les lois, nombreuses soient elles, et sans trop se plaindre et sans même chercher à les comprendre.

A nos questions : « Pourquoi ? », la réponse reste souvent : « parce que c’est la loi. »

Nous sommes tous un peu schizophrène et jouons peut être tous un rôle quant aux diktats et normes sociales, mais là-bas les restrictions sont tellement nombreuses que personne ne peut toutes les respecter :

Il est interdit d’être athé, il est interdit d’avoir le câble, de nombreux sites internet sont interdits (tel que wordpress qui héberge notre blog, un grand nombre de médias étrangers, facebook, …), il est interdit de boire de l’alcool, il est interdit de se dévoiler, il est interdit de …

Passer la sphère privée, toutes ces lois semblent disparaître, tout le monde retrouve sa liberté.

Et on se retrouve ainsi, dans une famille très religieuse, la Tv allumée sur un cours de yoga en petite tenue à 17H, alors qu’au regard des images, on frise les programmes pour adultes diffusés en fin de soirée. Nos filles, elles, scotchent complètement et décident que c’est trop bien de faire le sport et elles se retrouvent en position du lotus et en train de faire le poirier au beau milieu de tout le monde!

Autant dire, que nous sommes loin des programmes officiels iraniens, qui pour le peu que nous avons vus, diffusent fréquemment des images de guerre et les sages paroles du guide suprême : « Khamenei »

En présentant notre blog, nous comprenons très vite que tous les téléphones et ordinateurs sont équipés de VPN permettant d’accéder à l’ensemble des sites internet bloqués.

Nous avons aussi pu consommer un peu d’alcool, notamment, par jour de fête ou parfois par simple convivialité. Il s’agit la plupart du temps de bouteilles provenant des pays voisins ou alors de vin maison. Nous avons donc pu goûter à quoi ressemble « L’islamic beer » (qui est la bière sans alcool) auquel on rajoute de la vodka ou au vin de Shiraz, très réputé et largement commercialisé avant la révolution islamique.

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Concernant le voile, parfois il disparaît à peine la porte du garage passé, parfois il est bien réinstallé quand Pyv s’éloigne un petit moment, parfois on me dit de me mettre à l’aise bien que je sois entourée de femmes voilées de la tête aux pieds, mais je me sens libre, parfois on me demande de le garder, mais je me sens à mon aise puisque « not in our culture, I’m sorry », parfois je ne l’ai pas mais je me sens tellement dévisagée que s’en est troublant, donc parfois je le remet de moi même, bref, il n’y a pas deux jours qui se ressemblent mais, puisque je suis une touriste, la police des mœurs (oui oui vous avez bien lu) ne m’a jamais rien dit, n’en déplaise à certains.

Certaines Iraniennes portent le voile très en arrière, découvrant la moitié de leur chevelure, nous avons apprit qu’elles pouvaient se faire rappeler à l’ordre par cette fameuse police des mœurs. Sorte de petite révolution, elles continuent de le porter en arrière, et se recoiffent, parfois.

Cette même police peut également faire appliquer des lois qui n’existent pas. Lors de notre passage à Isfahan nous serons outré d’apprendre que la petite amis de notre super warmshower Reza se fera enquiquiner parce qu’elle faisait … du vélo ! Il n’est pas rare que les jeunes iraniennes, suite à un discours de Khameni (Guide suprême de la révolution en Iran) se fassent interpeller par la police estimant que faire du vélo devrait rester dans un cadre d’intimité (qu’en présence d’autres femmes et de ses Mahram (mari, père, fils …) , que ce serait susceptible de troubler l’ordre public. Comprendre qu’une femme qui fait du vélo incite les hommes à la regarder… Mais moi ça compte pas, je suis qu’une touriste !

Et oui, même sans loi existante, elles (en l’occurrence), ont des diktats très strictes à respecter. Mais où est la liberté ? … Uniquement dans la sphère privée.

Nos observations nous poussent à dire qu’ici chacun se satisfait de ce qu’il arrive à faire librement chez lui, conscient qu’il n’aura pas d’ennuis tant qu’il reste discret, qu’il ne revendique rien publiquement.

Ce grand écart que nous repérons entre la richesse du peuple, sa culture, sa générosité, son éducation, et l’ensemble de ces restrictions est, nous semble-t-il, à l’image de ce que peut être une République Islamique. Deux termes qui ont du mal à s’accorder dans un système politique.

C’est ainsi, qu’en Iran, on a une constitution qui s’inspire directement de la Charia. Il y a des élections, mais un contrôle permanent est opéré par le guide suprême de la révolution qui est forcément un digne représentant de la religion. Ce dernier dispose notamment d’un droit de véto vis à vis des candidats à la présidence de la République.

Ici, l’islam chiite est religion d’état et il est pratiqué par 90 % des Iraniens. Les autres cultes sont autorisés, mais encore une fois, il est préférable de rester discret sur le sujet dans l’espace publique et de ne « pas trop faire de politique ».

Tout le monde reçoit une éducation islamique et la connaissance de la religion est obligatoire, notamment pour s’insérer professionnellement.

Principalement dans les maisons où nous ne partageons aucun langage commun arrive THE question : « Maassiiii ??? », qui veut dire : « Chrètien ?? »… Malaise palpable dans nos regards croisés avec Pyv, nous sommes athées, nous discutons beaucoup de religion avec les filles depuis le début du voyage, notamment sur les libertés que cela implique. Nous revendiquons le choix de chacun de croire ou de ne pas croire sans aucune pression familiale, sociale, politique et de pouvoir vivre librement selon ses propres convictions. Hors de question qu’on mentent sur notre athéisme : « non, no, na, athé, we are atheist »… ce qui provoque quelques fois des incompréhensions, gênes non dissimulés, visages qui se ferment… Malgré qu’on ne parle pas le même langage, ils ont compris, on a compris, chacun sait mais n’en parle plus. Au vu du malaise, on se renseigne, l’athéisme est interdit en Iran sous peine d’amende, et serait même passible de peine de mort si on en fait le prosélytisme… « On va peut-être éviter la question, non ? »

Nous avons aussi compris, qu’ici tous le monde annonce une religion, que cela fait parti des premières questions que l’on se pose pour se présenter (avant même le nom, le prénom, l’âge, la nationalité), même si certains préciseront qu’ils ne sont pas religieux. C’est à dire, que pour les non-croyants, ils annoncent d’abord un certain « héritage religieux » avant de préciser qu’ils n’y croient pas. Dans cette logique, annoncer que tu es athée, c’est refuser cet « héritage », et c’est donc perçu comme une démarche visant à empêcher les autres de croire. Très difficile d’aborder cette question lorsque la barrière de la langue et nos habitudes culturelles nous empêchent tout simplement de s’accorder sur un simple principe de liberté à ce sujet, et du respect mutuel que cela impose.

Finalement nous avons eu des échanges très riches autour de la religion avec la grande majorité des personnes, qu’ils soient religieux ou non, et avons parfois éviter la question avec la « vieille » génération qui nous demandait par exemple si Pyv avait une autre femme en France, ou si on se connaissait avant notre mariage … Un pays à deux vitesses !

Une de scènes les plus mémorables à ce sujet reste lors d’une discussion sur ce qui existe après la mort, où nous pouvons deviner la tristesse dans les yeux de nos auditrices qui avaient de la peine pour nous qui n’espérons rien dans l’au delà. Et de notre côté, une tristesse toute aussi grande de rencontrer des personnes qui selon nous sacrifie leur vie pour un hypothétique au-delà !

Par ailleurs, nous avons apprécié découvrir les traditions de l’islam chiites. Il y a de nombreuses différences avec l’islam sunnite et nous en observons quelques éléments marquants.

Ici, les mosquées sont moins fréquentes mais sont toutes très importantes, grandes et magnifiques. Le muezzin est doux et mélodieux, alors qu’on avait pris l’habitude qu’il soit fort, criard. Si nous avons bien compris, c’est qu’il est moins important de se rassembler à la mosquée pour prier ensemble et que cela est personnel et peut se faire un peu partout. D’ailleurs, il est très fréquent de voir des salles de prière dans les lieux publics. En revanche, les mosquées doivent pouvoir accueillir beaucoup de monde pour les événements importants.

Lors de notre arrivée, nous observons de nombreux drapeau noir et rouge. Le pays semble en deuil et c’est bien le cas, mais ils commémorent la décapitation de l’immam Hussein, mort en 680.

Tout le monde se retrouve chaque soir pour défiler, au son de gros tambours, en portant de lourds ornements, où se fouettant. Ils doivent ainsi se punir de ne pas avoir sauvé l’imam Hussein. Un de nos warmshower, nous présente cet événement comme un carnaval triste. Il s’agit de l’Achoura, cela durent 10 jours, et ils se retrouvent tous les soirs et les deux derniers sont les plus important. Avant et après le défile tout le monde peut venir se restaurer dans le rue, on y distribue, des soupes, du lait, du thé, des dattes… gratuitement…

 

Nous nous amusons à repérer qu’ici tous les symboles que nous connaissons ont changé de référence. L’assistance et les secours sur les routes sont donc organisés par les sauveteurs du croissant rouge, et non notre croix rouge bien connue. Bref, à chaque pays ses anecdotes, et nous aimons les repérer.

Malgré toutes ces lignes, nous avons l’impression de ne rien vous avoir raconter de l’Iran et de toutes ces rencontres tellement improbables pour nous ! Alors, foncez y, c’est splendide.

Merci à tous nos hôtes pour leur accueil et leur générosité qui nous a permis de DÉCOUVRIR, tout simplement, et bravo à vous, lecteurs, de nous avoir suivi jusqu’ici…

Prochain article sur la beauté de nos visites Iraniennes … TEASER

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